En 2017, j’avais cherché un challenge longue distance en triathlon avec un vélo montagneux. J’avais jeté mon dévolu sur le LD de l’Alpe d’Huez. Un sombre évènement m’a empêché au dernier moment de m’aligner et l’organisation a eu l’extrême élégance de reporter mon inscription à 2018.
J’ai décomposé ma saison 2018 en trois grands moments : la Transjurassienne, le marathon de Paris et le tri de l’Alpe. Dès début avril, je concentre ma préparation sur le vélo à la recherche de dénivelé au mois de juin et en Juillet. Je parviens à rouler 4000 km en vélo, 800 en course à pied mais seulement 35 en natation. J’ai reconnu la montée de l’Alpe d’Huez le dimanche précédent la course. Je suis confiant. L’alerte canicule et les chaleurs annoncées vont mettre à mal ma sérénité. Je supporte mal la chaleur et je sais pertinemment qu’elle va rebattre les cartes de la course. J’ai lu les conseils de l’organisateur sur le site plusieurs fois, à tel point que je les connais presque par cœur. Je décide de revoir ma stratégie de course, de partir très lentement et d’arriver le plus frais possible au Bourg d’Oisans.
Le jeudi matin, le temps est splendide, les paysages assez magiques et l’eau du lac Verney donne envie de se jeter dedans. Je prévois 9h de course, 1h pour la natation et les 2,2km de nage(en voyant large), 6h pour le vélo et ses 120 km et surtout 3200D+ et 2 pour la course à pied avec 20km, 350 D+ à plus de 1850m d’altitude, ce qui devrait me faire arriver aux alentours de la 600è place selon les classements des éditions précédentes. Je désire simplement être finisher. La chaleur est déjà palpable. La température de l’eau historiquement chaude à 18,3 degrés. Je suis très calme mais très concentré. On côtoie les plus grands champions parmi le millier de triathlètes présents -c’est le charme de cette discipline la proximité entre sportifs de haut et de bas niveaux- : j’aperçois Van Lierde, Emma Bilham, Céline Bousrez avec laquelle j’avais couru en 2016, elle sur le duathlon de Bois le Roi et moi sur le triathlon. Elle allait devenir championne de France si ma mémoire est bonne. Je me place un peu en retrait et je conserve ma cagoule néoprène. Le départ est donné. Je nage à ma main, tranquille en maitrisant mon activité respiratoire et cardiaque. J’aperçois une puce qu’un triathlète a mal dû serrer mais je ne parviens pas à la récupérer. Je boucle les 2,2 km en 50 mn tout juste. Je suis un peu déçu, j’espérais 43 mn mais mes trajectoires n’étaient pas optimales. Qu’importe, ce n’est pas important. J’entends que Romain Grosjean, pilote F1, sort juste derrière moi en 500e position (pour son premier triathlon, il me mettra une heure dans la vue !!). J’effectue une transition vraiment tranquille en prenant le temps de revêtir des vêtements de cyclisme, compte tenu du temps que je vais passer sur mon vélo.
Les 25 premiers kilomètres de vélo se déroulent sur une portion descendante mais assez fréquentée par les voitures et avec un vent de face un peu désagréable. Je n’appuie pas sur les pédales et reste sur la réserve, si bien que je me fais doubler. Psychologiquement, ce n’est pas agréable mais je reste fidèle à ma stratégie de course. J’en profite pour bien boire et bien m’alimenter. A Séchilienne, nous quittons l’axe fréquenté et débutons l’ascension du col de la Morte que je pense, sans l’avoir gravie, un peu sous-estimé. Il est en effet considéré comme plutôt facile mais 14km à 7% de moyenne, ça laisse des traces. L’ascension se fait à l’ombre sur une route agréables et de manière assez régulière. Je monte tranquillement, en tournant les jambes à 11-12 de moyenne sans me mettre dans le dur. Au sommet, je me ravitaille, fais attention à la descente. Vient le col de Malissol, facile, court mais en plein soleil. A Valbonnais, j’avais préparé un ravitaillement personnel, salé que l’organisation a emporté sur place. Je m’arrête 8 mn pour manger sans appétit. Je me force, conscient que c’est essentiel. Le col d’Ornon se présente, facile au début. Le cadre est splendide, je prends le temps d’observer les névés. La fin du col est plus pentue, je la passe avec une bonne cadence de pédalage. La descente est engagée, sinueuse et je la négocie sans m’affoler. Bourg d’Oisans, 105km. Je pointe à la 650e place d’après ce que j’ai entendu à un ravitaillement. La course commence là pour les meilleurs. La montée du mythe. Dès le début, je vois que les jambes tournent bien. Je reprends des triathlètes, lentement mais sûrement. Le moral est bon, je me sens plus frais que les coureurs autour de moi. A la Garde, je remplis mes gourdes, suis encouragé par des bénévoles (400 au total !) hyper souriants et poursuis la montée. Je ne serai jamais doublé alors que je reprends des dizaines de triathlètes. (92 au final sur les 13 km d’ascension). Je bois très régulièrement (pas loin 10 bidons rien que pour le vélo). Je commence à me préparer mentalement à la course à pied. Je parviens à l’aire de transition n°2 et aperçois ma femme et mon fils qui devaient venir m’encourager : c’est bon pour le moral. Je me change, le parc à vélo est déjà bien rempli. 6H02 au total à quasiment 20 de moyenne.
Je commence à courir et je sens que les jambes répondent bien. 3 tours sont prévus de 6,6 km avec environ 100 mètres de D+. Je boucle le premier en 40 mn. Je veux être régulier et courir sur le même rythme. Les passages vers la route du col de Sarenne sont splendides, ceux dans la station un peu moins du fait de nombreux travaux mais il y a beaucoup de supporters et l’ambiance est très sympa. De nombreux concurrents marchent. C’est de plus en plus manifeste au deuxième tour. Mon fils de 7 ans court un peu avec moi, il va plus vite (!). Il s’éloigne de sa mère et je lui demande de retourner vers elle. Ma femme me communique mes temps et la remontée au classement que j’effectue. Moi qui ne pensais qu’à finir, je veux doubler un maximum de personnes. J’observe les bracelets au bras et m’encourage à chaque fois que je passe un triathlète au même point de la course que moi. Le dernier tour est plus difficile, les jambes tirent un peu mais je cours. Tous les autres marchent quasiment. Je ne m’arrête pas aux deux derniers ravitaillements pour grappiller toujours plus de places. J’achève les 20 km en 2H02 pour un total de course de 9h20 et je prends la 389E place sur 756 finishers après avoir repris 120 concurrents sur la course à pied. Il y a plus de deux cents abandons d’après mes calculs. Les crampes arrivent une fois la ligne franchie. Je bois beaucoup, ne parviens pas à manger mais je suis heureux d’en avoir terminé. L’organisation a été sans faille malgré la difficulté d’avoir deux aires de transition différentes. C’est un triathlon que je conseille vivement et que certains estiment même plus dur que l’IM de Nice. Je ne peux pas l’affirmer, je ne suis pas encore passé à la distance XXL. Cela ne saurait tarder…
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