Après des mois d’entraînements et de sacrifices, l’heure est enfin venue. J’arrive 2 jours avant à Nice mais malgré tout l’attente est longue. Il faut maintenant en finir tant cette course est devenue une obsession. Nice respire le triathlon ce WE. On sent le gros événement ce qui rend chacun fier d’y participer.
Le matin de la course, je me réveille à 3h30. Je mange des pâtes (j’ai toujours du mal avec les pâtes matinales) mais j’avoue qu’elles passent difficilement. Je crois d’ailleurs que je vais arrêter cette tradition, mon stock de glycogène étant plein le matin d’une course en général.
Une fois le « petit-déjeuner » terminé, je me prépare et me dirige vers le point de départ. Il est 4h30 et je prévois 45-50 minutes pour m’y rendre à pied en marchant sur la Promenade. Je me dis que cette marche me détendra et réveillera les muscles. Comme prévu, nous sommes nombreux dans ce cas.
J’arrive sur les lieux et j’entends que le parc ferme dans 10 minutes. Je dois me dépêcher mais heureusement je n’ai rien à faire si ce n’est vérifier mes pneus. Je sors du parc et enfile ma combi. J’aimerais un peu m’échauffer mais impossible d’accéder à l’eau tellement il y a de monde. Ce sera donc sans échauffement et cela me contrarie un peu.
On se dirige vers la mer. Je ne suis pas stressé. Je suis prêt pour le combat tant la natation n’est pas la discipline que je préfère. Le départ des pros est donné puis vient le nôtre. Je pars tranquille. Ca frotte un peu mais je reste calme. J’avance bien sans m’affoler. Sur le retour des 2400m, je regarde ma montre qui me dit que je ne suis pas si mal. Le retour est plus dur. Je sors en 1h07. C’est désormais moins bien que ce que je pensais. Je prends un petit coup de massue mais doit repartir pour 1400m. Les bouées me paraissent loin, je suis dans le dur mentalement mais je me jette à l’eau pour ne pas tergiverser.
Régulièrement, un canoë me redirige sur la bonne trajectoire. Je sens que j’ai du mal mais impossible de me concentrer sur la technique. Je sais que je ne nage pas bien. C’est interminable et sans cesse les canoës me reprennent. Je comprends également que je suis dans les derniers. C’est dur. Je sors de l’eau tant bien que mal en 2h00. Mon Garmin m’indiquera que j’ai nagé 4340m. Je pense que les zig zags de la 2ème boucle m’ont achevé.
Je suis atteint moralement après 2h de natation en continu. Mais le meilleur reste à venir, le vélo et surtout la course à pied sur un circuit que je connais par cœur.
Je reste 10m en transition histoire de récupérer et c’est parti pour le vélo. Je sais que je serai quasiment seul pendant 180km (c’est très long !). Je pars plutôt bien sur 20km de plat et faux plat. J’essaye de me mettre sur le prolongateur mais j’ai le cou un peu tendu et j’ai dû mal à garder la position.
Après 20km, les choses sérieuses commencent. Une grosse montée de 500m que je passe facilement puis un faux plat montant. Enfin moi j’appelle ça de la côte, pas du faux plat. Jusqu’alors j’ai respecté mon plan d’alimentation mais je commence à avoir mal au cœur. Bizarre après si peu de course. Mon allure n’est pas extraordinaire mais j’ai décidé de la jouer tranquille jusqu’au col de l’Ecre, au 70ème kilomètre et point culminant de la course.
Arrive la partie la plus dure de la course, jusqu’au col. La chaleur est intenable. J’en souffre et doit me mouiller la tête régulièrement. Mais le problème est tout autre. Mon mal d’estomac empire et je ne sais pas encore que je resterai avec cette envie de vomir jusqu’à la fin.
La montée est très difficile, pas une zone d’ombre et toujours cette envie de vomir. Je m’arrête à plusieurs reprises pour tenter une « évacuation forcée » mais impossible, rien ne sort. Suis-je victime d’une insolation ou d’un autre problème, impossible à dire. Le souci est que désormais, je ne peux plus m’alimenter. J’essaye de boire de temps en temps par petites gorgées mais même ça c’est difficile. Je sais que ça va être très compliqué mais tant que les jambes moulinent, j’y crois.
J’arrive enfin au col de l’Ecre, épuisé. Mon sac ravito m’attend et je compte là-dessus et sur 10 minutes de pause pour me refaire. Les sandwichs que j’avais préparés sont restés en plein soleil. Le jambon est violet. Je me dit qu’ils veulent me faire crever et renonce à les manger. J’ingurgite 3 tucs tant bien que mal. Il fait toujours très chaud et je dois repartir en me disant que le plus dur est passé et que la descente me contraindra moins à m’alimenter.
Les kilomètres défilent, je ne peux pas vraiment accélérer. Les jambes sont là mais je suis trop gêné par cette envie de vomir qui ne me lâche pas. Je m’arrête de temps en temps pour de nouvelles tentatives de vomissement mais je n’y arrive pas. C’est un calvaire. Une seule chose me donne l’envie de continuer : la médaille. Je sais que j’arriverai à Nice, que je prendrai du temps pour me reposer et partirai pour la course à pied. Je ne sais pas pourquoi mais même sous-alimenté (au total j'aurai mangé 3 gels, 3 tucs et 1 mini savane sur les 180km), j’ai suis certain de pouvoir finir.
Enfin, l’arrivée. Je m’arrête à la ligne et un gars me retire mon dossard. Je lui demande ce qu’il fait et il me répond que c’est fini, que je suis hors délai pour 30mn (je n’avais pas regardé ce point de détail avant la course). Le monde s’écroule. Je viens de faire 160km avec l’envie de gerber sous la canicule dans le seul espoir de démarrer la course et en 2 secondes, je me retrouve seul comme un con. Tout est terminé. Je dois récupérer mes affaires et rentrer.
Des mois d’entraînements pour ça. Je n’arrive toujours pas à accepter. Même 24h après d’autant plus que je n’ai absolument aucune douleur ni aucune contracture et que je ne comprends pas quel a été mon problème sur le vélo. C’est cruel mais c’est le sport.
Commentaires
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Wild Team Paris-IDF
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Les barrières horaires, vu qu'elles me collent aux fesses tout le temps, je les connais bien. C'est vrai que ça fout les boules ce qui t'es arrivé, mais je ne sais pas si en plus du mal de ventre, et en pensant aux barrières, si ça n'aurait pas flingué ton moral de toutes façons.
Enfin, des fois, il vaut mieux ne pas finir une course pour en faire une meilleure après ...
Je te fais confiance, tu vas exploser la derniere. Tu as quand meme bien tourner sur le vélo après une nat difficile, et vu l'entrainement vélo que tu as fait d'après ce que j'ai entendu dire ...
Wild Team Paris-IDF
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