Cette fois-ci, c'est le grand rendez-vous, le sommet de ma saison sportive : l'étape du tour.
Le parcours est le même que les professionnels et se déroule sur 138 KM entre saint Jean de Maurienne et la Toussuire. La longueur n'est pas trop difficile mais il y a 4 cols et un dénivelé positif de 4600 m pour 61 km de montée. Ce que je n'ai jamais fait. Mon maximum est à environ 3800 D+. Je savais en m'inscrivant qu'il faudrait que ma préparation soit plus efficace que les années précédentes. j'ai perdu du poids l'été dernier (environ 7kg) et me suis efforcé de ne pas les reprendre tout au long de l'année.
Après le triathlon de Dijon, j'ai programmé 3 grosses sorties montagneuses de respectivement 125 km, puis 65 puis 128 km pour 2000 à 3500 D+. Le lundi qui précède, je me lève à 5H du mat, enchaîne Madeleine et Croix de fer et fait en sorte de terminer le deuxième col sous 35 ° pour habituer mon corps à la chaleur. La sortie se déroule bien et me met en confiance. Les 5 jours suivants je coupe.
ASO organise l’événement, ouvre pour 15000 cyclos ce qu'ils n'ont jamais fait avant: c'est une véritable pompe à fric. La récupération des dossards se fait obligatoirement à la Toussuire ce qui nous oblige à tous, de nous rendre dans cette station (bilan carbone catastrophique pour une cyclo qui demande à ce que chacun des concurrents conserve bien les gels vides...) J'y suis allé vendredi, n'ai pas été gêné mais quand Lombric arrive le samedi et doit s'y rendre, il est obligé de garer la voiture à 4KM de la station et de s'y rendre...à vélo.
Mon fidèle acolyte est là et comme à son habitude, il est plus détendu que moi, ne connait pas le parcours alors que moi je l'ai décortiqué méthodiquement. Je le sens en forme mais suis un peu inquiet pour lui car il a fait toute la route de Paris la veille de la course.
dimanche, lever 5h. Je déjeune des trucs sucrés, les pâtes je n'y arrive pas. Lombric ne mange pas grand chose mais un invertébré n'a pas besoin de beaucoup de nourriture. On est à Saint Jean à 7 heures et prenons place dans nos sas. Nous n'avons pas le même, Lombric tente bien de se joindre à moi mais il est refoulé. Il est à l'arrière du peloton ce qui est gênant pour les barrières horaires mais il ne fait que très peu de pauses contrairement à moi et remontera vite les groupes de coureurs.
Les coureurs sont lâchés toutes les 7 mn par grappes de 1000. J'avale 500 ml de boissons d'attente en petites gorgées et le départ est lancé. 3 Km de plat et le premier col en entrée se présente à nous : le Chaussy: 15 KM à 6,2% . Je monte à mon rythme assis sur la selle en maintenant ma vitesse à 11-12 km/H. Je sais qu'il ne faut surtout pas se cramer vu le menu de la journée. Ceci étant dit, je ne cesse d’être doublé et suis étonné du rythme global. C'est désagréable mais je maintiens mon rythme, entre dans ma bulle et essaie de ne pas trop être déconcentré par les autres. Pause pipi évidemment dans le premier col et j'ai un peu de mal à repartir dans la pente. La descente s'amorce et des chutes et le fait que la route soit rétrécie et sinueuse nous font mettre pied à terre, on relance et on s’arrête à nouveau, ça 10-15 fois de suite, j'ai mal au quadriceps droit à force de taper dessus pour m’arrêter.
La descente s'achève, ravito et 35 km dans la vallée durant lesquels mes sensations ne sont pas bonnes et le moral a tendance aussi à décliner (couper complètement la dernière semaine n'est peut-être pas la bonne solution, à réfléchir...) je n'ai pas fait 50 bornes que j'ai l'impression que mes jambes ne suivront pas. à 2Km du plat principal, une violente chute a obligé un hélico à se poser sur la route ce qui nous empêche de passer. 20 mn à attendre sans bouger, le moral est au plus bas, je me ravitaille tranquillement et attend qu'on reparte. Je pense à des choses positives, mon fils qui me parle de la médaille, ma femme, ma fille.Je pense à Frelon que j'ai croisé une fois à Deauville mais dont j'ai lu les débriefs et dont l'abnégation m'a impressionné dans sa 6000D à la Plagne où pendant son iron man où dans la partie vélo, il a continué avec des douleurs au ventre. Je pense qu'il l'aurait fini son iron man à l'aise sans ces barrières horaires.
Le plat principal: le glandon puis la croix de fer :22 km à 6,9%. Je le décompose mentalement, km après km et là les jambes sont là et plus on monte et plus je me rassure!! Le rythme des concurrents a baissé, je double beaucoup plus, assis sur la selle et de temps en temps en danseuse à 11km/h. Les deux derniers km sont terribles à 11% mais je me sens bien et les grimpe à ma main sans me mettre dans le rouge. De nombreuses personnes marchent à coté de leur vélo. La descente arrive, sinueuse, un peu dangereuse mais le moral est revenu.
Je n'ai plus très faim mais le fromage arrive avec le Mollard : 6KM à 6,3%, la chaleur est bien présente sous l'oeil des aiguilles d'Arves. L'ascension se déroule correctement et s'ensuit une longue descente technique sur St Jean. J'ai les pieds un peu ankylosés et après le ravito, je retrouve ma femme, mes enfants et la femme de Lombric, ça fait plaisir!
En dessert, la montée de la Toussuire, 18KM à 6%. Je sais que la première moitié est la plus dure et je sens que les crampes sont proches et tente de les retarder en massant mes cuisses tout en roulant. Elles interviennent à 9KM de l'arrivée, je stoppe au dernier ravito, boit bcp de perrier et remonte. Elles vont disparaître puis revenir de temps en temps. La fin de l'ascension se fait sous les encouragements des spectateurs. enfin la ligne!!
mon compteur affiche 8H42 de vélo mais ne compte pas les pauses. 9H38 avec les pauses et les attentes liées aux accidents. Je redescends en vélo à Saint Jean, retrouve mes proches au mac do. J'ai besoin de m'allonger pour récupérer ce que je fais dans l'aire de jeux du mac do. Lombric arrive, semble plus frais que moi me dit qu'il a failli abandonner (comme à chaque fois). Son temps global est meilleur car il fait moins de pauses que moi. Avec la descente mon compteur affiche 9H30 de vélo, celui de Lombric 9H29. Nous savions déjà que nous roulions à peu près au même rythme.
Dans les moments difficiles, je voulais aussi gérer en imaginant avoir de la course à pied après la course. Honnêtement je n'aurais pas pu courir beaucoup et l'iron man qui est logé dans un petit coin de me tête me semble encore bien loin et bien hypothétique.
Commentaires
Wild Team Bourgogne Franche Comté
PS: les trois dernières lignes du post me font u peu flipper...
Wild Team Paris-IDF
Bravo à toi et à Lombric !
Bonne récup.